C'est à partir de mon travail sur les synthétiseurs et le sampling que je me suis interrogé sur les images sonores que ces
nouveaux instruments rendaient possibles. Mon questionnement va cependant au-delà de la technique de création des sons propre aux instruments électroniques, il se porte sur
la perception de nouvelles images sonores:
Qu'entendons-nous? Comment expliquer que le son soit à la fois un langage élaboré et inconscient? Un sens perçu comme primitif, fœtal? Quels sont et comment se forment les couples son et image,
son et perception? Quelle est leur place dans notre quotidien?
En partant de ces interrogations, ma démarche est de donner à entendre ce que l'on ne peut entendre, en dissociant, par exemple, les sensations et les images habituellement associées à un son donné; et d'offrir aux spectateurs un nouvel espace imaginaire en partant d'un univers sonore connu (comme celui du quotidien) ou d'un lieu facilement reconnaissable (comme le ciel étoilé).
De plus, les installations sonores ne laissant voir habituellement que ce qui produit le son (enceintes ou instruments, ordinateur...), je veux au contraire amener le regard de l'auditeur à se
porter ailleurs: sur le corps avec "Au-Delà", vers les étoiles et leur représentation avec Stellaris.
A la quête de matérialité des installations sonores, je veux opposer sa dématérialisation et que ces expériences sonores tendent vers une intériorité, un nouvel imaginaire du son «ré appréhendé» par la distanciation et la remise en cause des schémas d'associations habituels en particulier avec le champ visuel.
Didier Ambact